Découverte d'une nouvelle étoile variable
En septembre dernier, tandis que j'observais tranquillement plusieurs transits d'exoplanètes depuis l'observatoire Sirene, une étoile variable inconnue sembla s'être à nouveau glissée dans le champ observé. Ça tombait bien, car les données acquises sur HAT-P32 b n'étaient pas bonnes. Tant qu'à faire, autant que les images servent à quelque chose ! Malheureusement, cette fois-ci, je n'ai pas eu la chance de la précédente. Aucun programme de surveillance systématique du ciel n'a mis de données librement à disposition pour ce secteur de la voûte. C'était donc à moi de faire tout le boulot. Mais c'était sans compter sur Murphy.
Il a bien évidemment fallu qu'il s'en mêle, et c'est avec humour que j'ai découvert le sien. Un mois après la première observation, je suis de retour sur le plateau d'Albion pour ré-observer l'étoile suspecte. Trois nuits d'acquisition plus tard, il faut me rendre à l'évidence. La période de variabilité de l'astre est d'une journée terrestre. Fichtre. Le diagramme de phase risque d'être coton à compléter !
Plus précisément, la période mesurée est de 1,008 jour. Soit un peu moins de 12 minutes de décalage quotidien. Va falloir être patient...
Les portions de courbes obtenues laissent à penser que je suis en présence d'une étoile variable de type EA, c'est à dire une étoile double photométrique à éclipses de la famille des algolides. Il s'agit de deux étoiles assez proches l'une de l'autre qui tournent autour d'un centre de gravité commun. Leur plan orbital étant quasiment aligné avec la Terre, nous pouvons observer les éclipses mutuelles des deux étoiles lorsqu'elles passent successivement l'une devant l'autre. Si les deux objets sont de luminosité et de taille différentes, les variations d'éclat le sont également. La chute de magnitude observée pourrait bien correspondre au minimum principal. Il faudrait alors compléter les mesures afin de déterminer si un minimum secondaire est présent ou si, au contraire, la période ne serait pas plutôt de deux jours et les minimums observés distincts.
Un mois plus tard, me voilà de nouveau à l'observatoire. La phase devrait s'être décalée de plusieurs heures, me laissant une chance de lever le doute sur les propriétés mécaniques du couple. Temps pourri, problèmes techniques, je passe mon tour ; Murphy gagne encore. Je ronge mon frein et attends un mois supplémentaire, ce qui nous amène au 19 décembre dernier. C'est un coup de poker, car je ne serais présent qu'une seule nuit. 8h30 d'acquisitions plus tard, la persévérance a payé. J'ai parfaitement enregistré le minimum secondaire.
On peut voir que le minimum secondaire n'est pas à mi-phase — 0,475 pour être plus précis — ce qui indique que nous avons affaire à un système excentrique.
En contact avec un administrateur de la base de données VSX de l'AAVSO depuis le début du processus, j'ai pu grâce à ses conseils avisés étudier au mieux l'étoile observée. Pour finalement soumettre à validation l'enregistrement dans la base de données. Je vous laisse découvrir ci-dessous les caractéristiques de cette nouvelle étoile variable, dont je suis désormais et officiellement le découvreur !
Caractéristiques de 2MASS J02041126+4633140
Constellation : Andromède
Coordonnées équatoriales : A.D. 02h 04m 11.26s, Déc. +46d 33m 14.0s (J2000.0)
Type de variable : EA
Magnitude maximale : 14,86
Magnitude minimale 1 : 15,67
Magnitude minimale 2 : 15,20
Période de rotation : 1,008077 jour
Durée de l'éclipse 1 : 11.5 %
Durée de l'éclipse 2 : 11.8 %
Phase de l'éclipse 2 : 0,475
Publication officielle : www.aavso.org/vsx/index.php?view=detail.top&oid=399931
Publié le
Mardi 23 décembre 2014 à 18h43Ajouter un commentaire
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Commentaires
Benji a répondu le Permalien
Bravo pour ta découverte et ta détermination.
Cyp a répondu le Permalien
Merci Benji !
Mickael PORTE a répondu le Permalien
Excellent ! Bravo pour cette découverte !
Mickael
www.obs-vignotte.fr