Court.

Moins de trois mois pour me faire à l'idée que je vais partir un an au bout du monde, sur un continent... isolé ? Plutôt, oui. Moins de deux mois pour organiser et inventorier mes affaires. Moins d'un mois pour acquérir ce que j'estime nécessaire à l'aventure. Deux jours pour faire mes malles. 5 minutes pour les voir partir.

Court ? Peut-être bien.

Partir à des milliers de kilomètres du moindre commerce. Partir une année entière sans retour possible. Partir loin de tout repère, de tout paysage. Partir... où ? Là-bas, même le ciel m'est inconnu.

Dès le premier jour, dès l'instant où l'aventure semblait possible, une question s'est imposée. Quoi emporter ?

Tout ? Sa maison, sa vie ? Dans la tête, tout se bouscule, se mélange. Classer par thème. Classer par centre d'intérêt. Classer.

Trois cantines. Voilà ce que j'emmène. 120 kg de vie, enfermés dans trois cantines métalliques. Nous sommes le 4 Novembre 2008, et mes affaires viennent de prendre le départ pour l'Antarctique. Si mon périple peut paraître laborieux, le leur l'est encore plus. Parties un mois avant moi, elles n'atteindront Concordia qu'un mois après.

Qu'ai-je oublié ? Difficile à dire.

Mieux vaut ne pas y penser.

Car je n'y peux plus rien.